Sous-évalués car bien dissimulés, les coûts cachés constituent de véritables viviers de performance une fois détectés et corrigés. Mais que sont ces exactement ces ennemis de la rentabilité de votre entreprise ? Comment naissent-ils, et surtout comment les réduire ? On vous explique tout.
Toute entreprise a pour but de réaliser des profits durables. Et cela passe notamment par la création d’une valeur dont le coût doit être le plus juste. Or, ce n’est pas toujours le cas. La faute aux coûts cachés.
Pour détecter, analyser et éliminer les coûts cachés d’une entreprise, il faut d’abord avoir pris conscience de ce qu’ils sont. Si on le réfère à H. Savall, professeur émérite à l’Université Lyon II Jean Moulin, fondateur de l’Institut de Socio-Économie des Entreprises et des Organisations (ISEOR) et père de la méthode d’analyse des coûts cachés, ces derniers correspondent à des phénomènes non pris en compte par les systèmes comptables traditionnels. Plus précisément, ils désignent à la fois des coûts qui sont pris en compte, mais dilués dans différents postes, et des coûts qui ne sont pas pris en compte et qui correspondent à des manques à gagner.
Le dysfonctionnement à l’origine du coût caché
Comment naissent ces coûts cachés ? De dysfonctionnements de tous ordres : l’absentéisme est régulièrement pointé du doigt, mais la rotation excessive du personnel, les produits de mauvaise qualité, les délais non respectés sont tous des exemples de dysfonctionnements qui engendrent des nécessaires corrections, et donc des coûts cachés.
Tout ceci n’est pas anormal. Quelle que soit sa taille, son secteur, son ancienneté, toute organisation dysfonctionne et génère des coûts cachés. Et certains d’entre eux sont simplement à anticiper, à prendre en compte, et non à corriger : l’absentéisme dû à la grippe saisonnière ne se corrige pas, il se prévoit.
Cependant, la plupart des dysfonctionnements, et donc des coûts engendrés, peuvent être corrigés, au moins en partie, afin d’en éviter les conséquences : surcharge de travail, de masse salariale, de consommation…
De la difficulté de la mesure
Si l’utilisation superflue de papier dans l’imprimante est facilement détectable, d’autres événements générateurs de coûts cachés sont plus difficilement identifiables. Le temps perdu, ou le capital immatériel sous-exploité sont d’excellents exemples de dysfonctionnements que les entreprises peinent à mesurer, lorsqu’elles prennent le temps de le faire. Ils comptent pourtant parmi les premières causes de coûts cachés.
C’est d’autant plus regrettable qu’en corrigeant ses coûts cachés, une entreprise peut, selon des études menées par l’ISEOR, espérer dégager entre 5 000 euros et 35 000 euros par personne et par an (gains de productivité, accroissement de chiffre d’affaires…). À l’échelle d’une grande entreprise, les montants deviennent colossaux. Les coûts cachés peuvent ainsi mettre en difficulté la performance, voire l’existence d’une entreprise.
Remise en question et méthodologie
Comment réduire, voire éliminer ces coûts cachés ? Le premier pas consiste en la prise de conscience de leur existence. Cette première étape n’est pas forcément la plus évidente, puisqu’elle nécessite une prise de recul sur l’activité. Assumer cet investissement en temps, en ressources intellectuelles, c’est faire une grande partie du travail.
Une fois l’existence des coûts cachés admise vient le temps du diagnostic de l’entreprise, qui permet de déterminer l’origine de ces coûts cachés, de les chiffrer, de mieux estimer leur importance. Cet audit acte aussi le point de départ de l’action, dans la perspective d’une mesure de l’efficacité des corrections qui seront mises en place.
Il faut ensuite savoir remettre en question le fonctionnement, l’organisation de son entreprise : adopter un nouveau mode de management, investir dans la formation de ses collaborateurs, repenser les process de suivi client, mettre en place des tableaux de bord… Le champ des actions à mettre en place est infini, et diffère pour chaque entreprise, varie en fonction de ses objectifs.
Toutefois, une constante demeure : les changements demandés par la lutte contre les coûts cachés impliquent forcément les salariés. Pour que la transformation soit menée avec succès, elle doit être comprise, acceptée par tous les acteurs de l’entreprise, quel que soit leur niveau hiérarchique. Impliquer vos collaborateurs dans ce processus est donc fortement conseillé, si ce n’est indispensable. D’autant qu’ils constituent la source d’informations et d’idées la plus importante de l’entreprise.
Autre prérequis : des outils adaptés. Parvenir à identifier, analyser et corriger les dysfonctionnements d’une entreprise dans le cadre d’une amélioration continue demande un véritable effort méthodologique, notamment au niveau de la gestion des processus. Sans quoi la diminution des coûts cachés pourrait avoir elle-même un coût.
S’équiper des bons outils, c’est s’assurer que les actions à venir contribuent bien à l’amélioration de la performance de l’entreprise.